Les essais publiés par Éric Sadin depuis dix ans traquent les mouvements d’ensemble, mais aussi les déplacements infinitésimaux de nos liens avec les ordinateurs, les téléphones, les objets connectés, les réseaux. Au terme d’un cycle d’écrits importants sur la société mondialisée du numérique, le philosophe, sans tout à fait lâcher ses objets de prédilection, déplace son regard vers les conséquences sociologiques et politiques de vingt ans d’évolution technique, autrement dit vers ce que les machines et les « services » qu’elles offrent ont fait de nos vies, en créant le mythe actif d’une surpuissance de l’individu.
L’Ère de l’individu tyran : la fin d’un monde commun
Une humanité diminuée ?
Pour ceux qui suivent les ouvrages de Sadin, le lien se fait assez aisément entre ce dernier essai et L’Humanité augmentée (L’Échappée, 2013) – à ceci près que le point de vue du philosophe, d’abord curieux et prospectif, s’est transformé en un regard inquiet et alarmiste : l’ordinateur et le téléphone, conjugués à divers phénomènes de mode au cinéma, ont construit ou reconstruit l’idée d’un individu doté de super-pouvoirs. Une ancienne publicité d’un grand opérateur français filmait cela, au début des années 2000, joua...
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