Directrice de l’Institut français-Villa Europa, professeur à l’université de la Sarre et à l’Institut catholique de Paris, Valérie Deshoulières a publié « Le Don d’idiotie entre éthique et secret depuis Dostoïevski » (L’Harmattan, 2003) et « Métamorphoses de l’idiot » (Klincksieck, 2005).Elle propose ici, dans la perspective stimulante des engagements de Cédric Villani et de Karol Beffa, une approche originale des idiosyncrasies nécessaires à la refondation de l’Europe.
Luc Vigier : Quel est le point de départ de votre réflexion sur l’idiotie ?
Valérie Deshoulières : Peut-être la notion d’Eigenschaftlosigkeit, que l’on pourrait traduire de manière synthétique par « sans qualitude » dans le sillage de Philippe Jaccottet, traducteur de L’Homme sans qualités[1] : cela désigne l’absence d’identité sociale ; c’est un être socialement non identifiable, c’est-à-dire dépourvu des n...
Commentaires (identifiez-vous pour commenter)